La peur du journaliste
Plus la liberté de la presse disparaît et plus le journaliste effraye. Dans un sursaut de conscience, on se dit que le journaliste continue à poser des questions et que donc il peut nous faire du mal.Je me rends, au quotidien, à quel point l’image du journaliste comme quatrième pouvoir demeure. Ceci est d’autant plus étonnant que les fusions et les rachats des groupes de presse par de grands groupes financiers tuent jour après jour l’idéal de liberté de la presse.
Il est admis par tous, qu’une entreprise doit être présente dans la presse. Elle doit montrer son dynamisme et son aisance à communiquer, pour ne pas être déconsidérée. Seulement, il faut affronter les médias. Pour beaucoup de patrons, il s’agit bien d’un affrontement. Le journaliste gène et dérange car sur trente minutes d’entretien, il n’en gardera que trente secondes. De toute façon, on ne retient pas plus de 10% d’un entretien quand on prend des notes. Pourquoi un journaliste en retiendrait plus ?
Au cours de mes rencontres avec des patrons, où ils m’énoncent leur beau discours sur la presse, je m’aperçois que ce qui les dérange, c’est que les journalistes ont encore cette légitimité à poser des questions, qui parfois dérangent. En dehors des syndicats, qui aujourd’hui obligent un patron à s’expliquer ? Personne. (à l’exception des entreprises cotées en bourse qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires).
Les entreprises ont pris l’habitude d’orchestrer leur communication sans que quiconque ne puisse venir les contredire. Prenez le cas des Foires aux questions sur les sites internet. Il ne s’agit ni plus ni moins des questions les plus arrangeantes pour une entreprise et non pas des plus dérangeantes.
Le fait que des personnes puissent encore poser des questions qui ne soient pas orchestrées par un service de communication effraye une grande partie des entreprises. Et pourtant, cela est le fondement de la liberté de la presse et de notre démocratie. Alors, acceptons les questions et apportons des réponses simples.
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