Et si on commençait à parler de Relations Presse 2.0 …

Cela fait maintenant plusieurs années que je coordonne les relations presse au sein de l’entreprise pour laquelle je travaille. Et mois après mois, face aux difficultés que l’on rencontre pour entrer en contact avec les journalistes, je m’interroge sur l’efficacité de nos méthodes traditionnelles. Faut-il encore penser les relations presse en termes de communiqués, dossiers et conférences ?La presse dans sa globalité évolue ainsi que les entreprises et les lecteurs. Les supports d’information se multiplient, entre le papier, la radio, la télévision et maintenant le web. Les rédactions ne sont plus aussi structurées qu’avant, ce qui multiplie le nombre d’interlocuteurs. En effet, de plus en plus de chroniques, articles ou reportages sont confiés à des journalistes pigistes. C’est-à-dire des journalistes indépendants qui travaillent pour plusieurs supports. Ils sont à la fois sources de proposition et exécutants. Ce qui rend le ciblage plus complexe, car s’il est aisé de trouver les coordonnées d’une rédaction, ce n’est pas forcément le cas pour des pigistes. Il arrive parfois que les rédacteurs en chef transmettent les informations aux pigistes, mais ce n’est pas toujours le cas. Comment donc toucher tous ces journalistes périphériques ? La société Datapresse vient d’éditer un annuaire des pigistes, mais comment s’assurer qu’ils y soient tous : quid des correspondants de presse ? Quid des jeunes diplômés ? Quid des journalistes amateurs ?

Parallèlement, les rédactions sous-traitent de plus en plus de reportages à des agences. Que ce soit dans la presse magazine, avec les agences éditrices de presse ou à la télévision avec les sociétés de production. Il faut donc identifier tous ces sous-traitants pour s’assurer que les informations leur parviennent bien. Or, ceux-ci sont rarement cités.

Et puis, le web permet à chacun d’entre nous de devenir un support d’expression. Le billet d’un blog peut parfois avoir plus de répercussions qu’un article dans un grand titre de presse. D’ailleurs, le guide des relations presse, édité par Edinove, propose dans son édition 2007 les coordonnées des 70 blogueurs les plus influents. La frontière entre journalistes et blogueurs est de moins en moins claire en ce qui concerne les relations presse.

Un tel accroissement du nombre d’interlocuteurs nous oblige à repenser notre façon de diffuser de l’information. Plusieurs pistes commencent à apparaître comme les plates-formes de diffusion de communiqués de presse gratuites ou payantes. Si jusqu’à présent on pensait uniquement par l’envoi de courriers ou d’emails, la publication des informations sur internet devient obligatoire pour s’assurer la plus large audience, d’où l’importance d’un espace presse et des sites de partage de communiqués.

Autre piste à étudier : l’usage du « buzz » ou plus exactement d’une « événementialisation » de l’information, afin que le bouche à oreille donne du poids à votre sujet. Toutes les entreprises, collectivités et associations envoient aujourd’hui des communiqués aux médias. Face à un tel affût, il faut donc se démarquer des autres. Forcément, une info déjà citée sur plusieurs blogs ou présenter sous une autre forme qu’une simple feuille de papier aura plus de chance de retenir l’attention des médias. Il ne faut pas oublier que si parfois les journalistes sont des dénicheurs de scoops, très souvent ils ne font que traiter des sujets dont tout le monde parle déjà.

En conclusion, je ne pense pas qu’il faille complètement abandonner les outils classiques pour votre prochaine opération de relations presse. C’est juste qu’il faille de plus en plus concevoir son opération comme un dispositif de communication destiné à toucher le plus large public possible.

Vos réactions

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    Etant moi-même “chargée de relations presse” (je n’aime pas la connotation du mot “attachée de presse”…) au sein d’une agence de communication, je suis confrontée au quotidien aux mêmes problémes et me suis donc adaptée! La presse a énormément évolué ces dernières années, il faut aujourd’hui compter avec les supports gratuits qui se contentent souvent de reprendre les dépêches AFP, et les blogs, dont la visibilité est croissante! La presse payante en pâtit, qu’elle soit nationale ou régionale… et ça se ressent sur les pressions “publicitaires”… Combien de rédactions – surtout en région – pourtant sensibles à nos communiqués, nous renvoient aujourd’hui vers leur service pub, prétextant la règle du “donnant-donnant”…? Il y a encore quelques années, la parution d’un article découlait de son intérêt et pas de de l’enveloppe qui l’accompagnait, ni du contrat d’exclusivité qui liait la rédaction avec telle ou telle société… Mais là encore on ne peut pas les blâmer, pour survivre, un magazine a besoin d’argent et donc de recettes pub… Tout comme c’est le cas pour les Relations Presse, c’est ce qu’on peut qualifier “d’impitoyable monde de la presse”…!
    C’est pourquoi je suis de près depuis plusieurs mois la piste des pigistes et des agences de presse, qui constituent un relai alternatif. Et pour les trouver, nous nous sommes abonnés à l’annuaire en ligne Hors Antenne (créé par une ancienne journaliste qui plus est!), qui répertorie une grosse majorité des pigistes et des agences de presse, aussi petites ou régionales soient-elles. Il me semble que vous pouvez tester en ligne, donc si ça peut vous intéresser : wwww.horsantenne.com

    Sur ce, bon courage dans vos relations avec la Presse et bonne continuation à vous et votre blog

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    Merci pour le tuyau concernant Hors antenne. j’ai également entendu parler d’une mailing liste de Pigistes sur Yahoo, je crois bien.

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    A mon avis, l’émergence des medias sociaux trouve parmi ses avantages la nécessité pour tous de revenir à ce que les relations presse auraient du rester : un contact personnalisé, des angles spécifiques, traités journaliste par journaliste, bien loin des emailing avec dossiers et communiqués de presse attachés. De la même façon, les canaux de transmission dépendent du journaliste, le téléphone restant le meilleur outil (plutôt que le mail) pour un premier contact, mais égalemnt des événements et salons pour les croiseaux, certains réseaux sociaux que les plus “geek” commencent à utiliser. L’évolution de la presse, faisant appel à des pigistes plutôt qu’à des rédactions, ne fait que renforcer cette tendance. Si ce retour aux fondamentaux doit s’appeler 2.0, pourquoi pas, j’aime bien ce terme 😉
    http://prland.blogs.com/prland/2006/03/rp_20_.html

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    Egalement praticien des RP, je suis en fait assez partagé sur cette question. D’un coté, du point de vue pro j’aimerais plus de lisibilité dans les rédactions et des approches plus spontannées, mais en tant que lecteur, je dois avouer que je trouve qu’ils ont bien raison de souvent nous ignorer et de nous éviter. Au départ, le journaliste n’a pas pour fonction de relayer les infos que les entreprises portent à leur attention. Quand le sujet coincide vraiment avec l’interet du lectorat alors c’est parfait mais bien souvent c’est assez loin d’être le cas. J’ajoute que les journalistes les plus accessibles pour les RP sont rarement les meilleurs (et là je parle en tant que lecteur).

  5. ---

    Bonjour, je partage globalement votre analyse. Avant la dichotomie était simple : communication institutionnelle d’un côté (off line, rp, pr, …) et site web corporate bien maîtrisé par les marques de l’autre (on line).

    Depuis l’avènement du web 2.0, les frontières n’existent plus et il n’est pas rare de voir blogueurs influents et journalistes à la même table. D’ailleurs, Nicolas SARKOZY a lui même déjeuné avec des blogueurs il y a quelques jours à l’Élysée.

    Avec les réseaux sociaux et toutes les nouvelles formes de contribution web à la portée de tout le monde (blog, forum, réseaux sociaux, sites allégés, …), les marques ne maîtrisent plus, globalement, l’ensemble de leur communication car la blogospshère s’en charge.

    Et il est maintenant important d’arriver à identifier qui communique, comment et pouvoir agir sur le même terrain.

    On assiste à un regroupement de sociétés pour pouvoir maîtriser l’ensemble du domaine d’intervention : les agences web et les agences plus classiques fusionnent, comme au début des années Internet. l
    La grande différence réside dans le fait que dans les années 90, les agences web avaient besoin de compétences graphiques des agences de communication. Aujourd’hui, ce sont les agences de com qui ont besoin des compétences des agences web pour pouvoir écouter l’Internet de façon active et passive.

    Sur Lyon, les sociétés Bemore et Belink Interactive ont démarré cette mutation. Elles ont été acquises pour disposer de moyens humains et technologiques permettant d’aller vers ces nouveaux territoires de communication où la frontière entre digital et off-line est de plus en plus ténue. Bonne continuation à vous tous et excellente année 2011.

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