L’outil informatique et l’écologie

Parmi les différentes pistes de réflexion qui se présentent à nous pour mieux maîtriser l’impact environnemental d’une campagne de communication, l’outil informatique se présente comme une solution sérieuse. Pour autant, nous disposons à l’heure actuelle de peu d’éléments pour mesurer son impact réel sur l’environnement. Deux chercheurs tentent d’apporter une première réponse dans un ouvrage récemment publié : “Ecologie des infrastructures numériques”, aux éditions Lavoisier 2007.

“En fait, l’impact environnemental des TIC reste largement ignoré. Il existe un courant de pensée dans l’opinion qui veut que les TIC parce qu’elles sont qualifiées d’immatérielles, ont un impact transparent sur l’environnement. Notre propos était de montrer au contraire que les TIC ont un impact matériel sur l’environnement. Des chiffres existent et il est tout à fait intéressant de les mettre en avant pour montrer quel peut être l’impact écologique de l’informatique.” explique Fabrice Flipo, co-auteur de l’ouvrage, et enseignant-chercheur de l’Institut Télécom, dans un article publié sur le Journal du net.

En fait, les auteurs mettent en avant des données chiffrées concernant l’équipement informatique en général des foyers et des professionnels :

• 1°/ La durée de vie d’un ordinateur est beaucoup plus longue que sa durée d’utilisation estimée en 2005 à 2 ans. Les ordinateurs sont régulièrement changés non pas pour cause de panne, mais simplement parce qu’ils sont soi-disant pas assez performants pour les nouvelles technologies.
• 2°/ Une augmentation importante du nombre d’ordinateurs par habitant. Entre 1993 et 2000, cette croissance a atteint les 181% au niveau mondial. Tout comme les voitures et la télévision, nous commençons à recenser plusieurs ordinateurs par foyer.
• 3°/ La performance des machines est souvent synonyme de consommation d’énergie supplémentaire.
• 4°/ L’impact écologique de la fabrication même d’un équipement. Pour un PC classique, on évalue le nombre de composants entre 1500 et 2000 fabriqués aux quatre coins du monde. Nokia a estimé dans une étude que les transports correspondaient à 5% de l’impact global de la constitution d’un téléphone portable.
• 5°/ Le recyclage n’est pas encore organisé. On estime à 6000, le nombre d’ordinateurs obsolètes par jour en Californie. Se pose donc sérieusement la question du stockage des déchets, des matériaux et du recyclage.

Toutes ces données ne veulent pas dire qu’il faut oublier l’outil informatique car trop polluant, mais plus que ce secteur doit également améliorer son impact industriel. Et cela me fait justement penser à une conversation que j’ai eue dernièrement avec un informaticien. Il semble bien que deux écoles sont en train de s’affronter entre ceux qui pensent encore l’informatique sur un ordinateur hyper puissant et ceux qui imaginent l’informatique de demain uniquement sur internet. Les premières pierres de cette nouvelle ère de l’informatique sont déjà là avec les ordinateurs à moins de 100 dollars, le dernier portable d’Apple, les applications en ligne, etc. Cette nouvelle conception devrait limiter la puissance des machines, mais les enjeux matériels seront au niveau de la connexion.