La presse écrite papier n’est pas encore morte … (suite)

Cela faisait un moment que je voulais lister les différentes raisons qui me laissent à croire que la presse écrite papier ne sera jamais remplacée par le web, comme certains accros du tout informatique tentent de le faire croire. Vous noterez que la grande majorité de ces prédicateurs travaillent dans l’informatique. Simple coïncidence !

En effet, dans toute l’histoire des médias, nous n’avons jamais vu un média disparaître. A chaque grande période (arrivée du cinéma, de la radio, de la télévision, de l’internet), nous n’avons connu aucune disparition. Seulement des changements de comportements et des recentrages. Il n’y a donc aucune raison que l’informatique et plus particulièrement le web soient plus forts que les précédentes révolutions techniques.

De plus, la relation que nous avons avec le papier n’est pas la même que celle que nous avons avec un ordinateur. Si avec internet, on peut proposer une multitude de contenus, on n’offre pas la même relation. On ne lit pas un journal dans les mêmes conditions et aux mêmes moments qu’un site internet. Je pense même que pour beaucoup de personnes, le web est inconsciemment associé au travail et qu’elles souhaitent donc se déconnecter de ce média pendant les vacances, en soirée et le week-end.

Si on y regarde même de plus près, depuis que le web existe, on vend de plus en plus de livres, on imprime de plus en plus de documents et on voit des kiosques à journaux se développer dans les grandes surfaces avec des étalages de plus en plus grands. L’accès à l’information via internet nous rend encore plus dépendants à l’Information. Mais, face à cet afflux de données, nous avons besoin d’éclairages et d’enquêtes de fond pour décrypter les tendances, que ce soit au format électronique ou papier. Ce n’est pas le support qui nous fait choisir un média mais bien la qualité de son contenu.

Quand on lit les discours des prédicateurs de la mort du papier, on retrouve souvent deux grands arguments : Premièrement, la presse papier pollue. S’il est certain que les grands groupes de presse n’ont pas encore lancé des politiques de développement durable, il est aujourd’hui possible de proposer des quotidiens ou des magazines respectueux de l’environnement (papier recyclé, encres vertes, recyclage des journaux, …). De son côté, le web n’est pas non plus un modèle écologique. Les deux supports peuvent et doivent faire des progrès pour avoir un impact limité sur l’environnement.

D’autre part, on montre souvent du doigt la santé financière des titres de la presse écrite, en oubliant un peu que les coûts de fabrication sont complètement opposés entre les deux supports. C’est aujourd’hui plus audacieux et courageux de sortir un titre au format papier qu’au format web. En effet, avec le papier, vous devez imprimer, diffuser, promouvoir et vendre l’ensemble de vos numéros. Si vos ventes ne dépassent pas les 50% vous ne pouvez pas amortir votre investissement. En revanche avec un site internet, les coûts de développement peuvent varier, et ensuite les coûts de diffusion sont très limités puisque vous pouvez adapter votre hébergement en fonction de votre trafic. Si vous atteignez 50% de votre objectif d’audience, vous ne vous mettez pas en danger, et vous pouvez maintenir votre site à moindre frais. Le papier ne pardonne pas un mauvais ciblage ou une offre mal adaptée.

Pour toutes ces raisons, et aussi parce que je pense que nous avons de plus en plus besoin de journaux de fond qui analysent et décryptent, plutôt qu’ils annoncent, je défends l’idée d’une longue vie de la presse écrite. En revanche, pour perdurer la presse écrite doit se renouveler et ce n’est pas avec ces anciennes conceptions de la presse qu’elle peut y arriver. De nouveaux modèles rédactionnels, économiques et de diffusion sont à imaginer. Je vous donne rendez-vous dans 10 ans, vous savez à la date à laquelle la presse écrite devrait disparaître selon certains pour voir ce qu’il en sera.

Vos réactions

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    Les études se contredisent … Qui a raison ? La question est en effet posée.

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